Les grenouilles demandent-elles un roi?

Belle actualité cette semaine au parc urbain de Pont-du-Casse. Entre la pose de la boîte à livres et la naissance de canetons, l’espace vert du centre-ville et du milieu aquatique qui y trône, il ne manque peut-être plus qu’un… roi. Et c’est d’ailleurs peut-être cela que les grenouilles réclament à grand renfort de coassements. Les mâles coassent en vue de séduire leurs rainettes et les femelles cherchent, à travers tous ces cris, celui qui lui ira droit au cœur et qu’elle choisira pour féconder ses œufs. À noter que chaque espèce de grenouille a son propre chant. Ce joyeux tintamarre annonce l’arrivée des beaux jours… « seulement si elle sort de l’eau ! » , dirait Monsieur Météo.

On se console comme on peut… Mais ne serait-ce pas Jean de La Fontaine qui aurait raison avec sa fable « Les grenouilles qui demandent un roi ». Le poète a également écrit : « La grenouille qui se veut faire aussi grosse que le boeuf »… Quel programme !

ELLES VEULENT UN ROI QUI SE REMUE
Les grenouilles se lassant
De l’état démocratique,
Par leurs clameurs firent tant
Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique.
Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique :
Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant,
Que la gent marécageuse,
Gent fort sotte et fort peureuse,
S’alla cacher sous les eaux,
Dans les joncs, les roseaux,
Dans les trous du marécage,
Sans oser de longtemps regarder au visage
Celui qu’elles croyaient être un géant nouveau.
Or c’était un soliveau,
De qui la gravité fit peur à la première
Qui, de le voir s’aventurant,
Osa bien quitter sa tanière.
Elle approcha, mais en tremblant ;
Une autre la suivit, une autre en fit autant :
Il en vint une fourmilière ;
Et leur troupe à la fin se rendit familière
Jusqu’à sauter sur l’épaule du roi.
Le bon sire le souffre et se tient toujours coi.
Jupin en a bientôt la cervelle rompue :
« Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue. »
Le monarque des dieux leur envoie une grue,
Qui les croque, qui les tue,
Qui les gobe à son plaisir ;
Et grenouilles de se plaindre.
Et Jupin de leur dire :« Eh quoi ? votre désir
A ses lois croit-il nous astreindre ?
Vous avez dû premièrement
Garder votre gouvernement ;
Mais, ne l’ayant pas fait, il vous devait suffire
Que votre premier roi fut débonnaire et doux
De celui-ci contentez-vous,
De peur d’en rencontrer un pire.»